Article du Journal des Cessions

Financer la reprise d’un fonds de commerce : solutions française et européennes pour les repreneurs

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04
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2025

Reprendre un fonds de commerce en France nécessite généralement un investissement financier important. Entre les solutions bancaires classiques, l’intervention d’organismes publics (État, Régions, Bpifrance) et les subventions européennes, il peut être complexe d’identifier la meilleure combinaison de financements. Dans cet article, nous détaillons les principaux dispositifs pour les repreneurs, tout en soulignant l’importance d’un business plan solide pour obtenir l’adhésion des financeurs.

Les enjeux du financement pour la reprise d’un fonds de commerce

La reprise d’un fonds de commerce (clientèle, droit au bail, stock, matériel, etc.) se distingue de la création d’entreprise, car elle porte sur une activité existante. Les montants à financer concernent souvent :

  • Le prix d’acquisition du fonds (clientèle, nom commercial, etc.).
  • Les équipements et les stocks.
  • Les éventuels frais annexes (acte notarié, honoraires de cabinets d’experts, etc.).
  • Les besoins en fonds de roulement (trésorerie de départ pour la période post-reprise).

Pour convaincre banques et organismes publics, le repreneur doit fournir un dossier complet montrant la rentabilité prévisionnelle du commerce, sa capacité de remboursement et la solidité de son projet.

1. Le financement bancaire : l’incontournable

Les établissements bancaires restent la principale source de financement pour la reprise d’un fonds de commerce. En France, plusieurs solutions s’offrent au repreneur :

Le prêt professionnel classique

Il s’agit d’un crédit à moyen ou long terme, octroyé par une banque, destiné à financer l’acquisition du fonds et ses besoins immédiats en trésorerie. Le montant, le taux et la durée de remboursement varient en fonction :

  • Du business plan et des prévisions financières présentées.
  • Des garanties (caution personnelle, nantissement du fonds, hypothèque sur bien immobilier, etc.).
  • De l’historique du fonds de commerce (bilan, chiffre d’affaires stable, potentiel de développement).
Le prêt relais ou crédit-pont

Lorsqu’un repreneur attend la réalisation d’une autre source de financement (vente d’un bien personnel, par exemple) ou l’obtention d’une subvention, un prêt relais peut couvrir la période intermédiaire. Celui-ci est toutefois consenti sur une courte durée et nécessite de solides garanties.

2. Les aides publiques françaises : un soutien local et national

En plus du circuit bancaire, la France propose un large éventail d’aides publiques pour faciliter la reprise d’un fonds de commerce. Ces dispositifs sont portés par l’État, les Régions et diverses structures (agences, collectivités territoriales).

Bpifrance : acteur clé du financement
  • Prêts garantis : Bpifrance peut accorder une garantie partielle à la banque sur le prêt contracté par le repreneur, réduisant le risque pour l’établissement prêteur.
  • Prêt Rebond, Prêt Croissance : Selon la situation et le secteur, Bpifrance propose des prêts à taux préférentiels pour favoriser la reprise et le développement d’entreprises existantes.
  • Co-financement : Dans certains cas, Bpifrance peut co-financer directement l’opération avec la banque, partageant le risque.
Aides des Régions et collectivités
  • Subventions et avances remboursables : Les Conseils régionaux, les Métropoles ou certains Départements peuvent octroyer des aides directes ou des avances sous forme de prêt d’honneur, souvent à taux zéro.
  • Initiatives locales : Des plateformes d’initiatives (comme Initiative France, Réseau Entreprendre) proposent des prêts d’honneur pour soutenir les porteurs de projet, incluant la reprise d’un commerce local.
Accompagnement et expertise
  • Chambres de Commerce et d’Industrie (CCI) : Elles fournissent des conseils, des formations et orientent le repreneur vers les financements adaptés (PCE – Prêt à la Création d’Entreprise, NACRE si éligible, etc.).
  • Pôles d’emploi : Des dispositifs existent pour les demandeurs d’emploi souhaitant se reconvertir en reprenant un commerce (ACRE, NACRE, etc., sous conditions).

3. Les financements européens : un levier de développement pour la France

Outre les solutions nationales, l’Union européenne propose divers programmes et fonds destinés à soutenir l’entrepreneuriat et la transmission d’entreprises.

Les fonds structurels européens
  • FEDER (Fonds européen de développement régional) : Peut cofinancer certains projets de modernisation ou de développement, notamment dans les régions en reconversion économique.
  • FSE (Fonds social européen) : Soutient la formation et l’accompagnement des porteurs de projets, y compris dans le cadre d’une reprise d’entreprise.
  • FEADER (Fonds européen agricole pour le développement rural) : Cible davantage les activités liées à l’agriculture ou à l’agroalimentaire, pouvant inclure des reprises de commerces en zone rurale.
Le programme COSME (pour la compétitivité des PME)

La Commission européenne a mis en place COSME pour améliorer l’accès au financement des petites et moyennes entreprises. Des institutions financières partenaires (banques, fonds d’investissement) bénéficient de garanties européennes, ce qui leur permet d’offrir des prêts ou des investissements en capital plus facilement. Pour un repreneur en France, cela peut se traduire par un crédit à des conditions améliorées.

4. L’importance d’un plan financier solide

Quel que soit le mode de financement envisagé, un business plan clair et étayé demeure l’élément clé pour convaincre les financeurs publics et privés.

Les éléments essentiels du plan financier
  • Étude de marché : Décrire la zone de chalandise, la concurrence, les tendances de consommation, etc.
  • Prévisions de chiffre d’affaires et de rentabilité : Hypothèses de croissance, calcul des marges, estimation des charges fixes et variables.
  • Bilan prévisionnel et trésorerie : Visualiser la structure de financement, le besoin en fonds de roulement et les flux de trésorerie sur 1 à 3 ans.
  • Scénarios prudents et optimistes : Démontrer la capacité de résilience et la solidité du projet en cas de baisse d’activité temporaire.
Créer la confiance auprès des financeurs
  • Justifier les hypothèses : Chiffres de ventes comparés à l’historique du fonds, validation par des sources fiables (INSEE, CCI, études sectorielles).
  • Montrer son expérience : Souvent, un repreneur ayant une expertise dans le même domaine rassure. Sinon, mettre en valeur l’équipe ou les partenaires qui apportent compétences et réseaux.
  • S’entourer d’experts : Expert-comptable, conseiller en transmission, avocat, etc. peuvent renforcer la crédibilité et garantir la fiabilité du montage financier.

5. En résumé

Pour financer la reprise d’un fonds de commerce en France, le repreneur peut combiner plusieurs solutions :

  • Prêts bancaires : Pilier incontournable, nécessitant une bonne présentation du projet et des garanties adaptées.
  • Aides publiques nationales : Bpifrance, dispositifs régionaux, collectivités locales (subventions, prêts d’honneur, garanties).
  • Financements européens : Programmes d’investissement (FEDER, COSME), gérés via des partenaires financiers locaux.
  • Business plan solide : Pièce maîtresse pour convaincre, il doit refléter un projet cohérent, rentable et réaliste.

En anticipant la recherche de financement et en préparant un dossier rigoureux, vous maximiserez vos chances d’obtenir les ressources nécessaires pour reprendre un commerce dans des conditions optimales. L’objectif : assurer une transition réussie et pérenniser l’activité, en s’appuyant sur un montage financier robuste et des partenaires de confiance.

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