Article du Journal des Cessions

Négociation du bail commercial : nos astuces

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04
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2025

Comprendre les obligations du locataire et les clauses à renégocier pour assurer la pérennité de l’activité (contexte : France)

Lorsque vous envisagez de vendre votre fonds de commerce ou de transmettre votre entreprise, la question du bail commercial est souvent cruciale. En France, ce dernier est le plus souvent régi par la règle du bail 3-6-9, c’est-à-dire un contrat d’une durée de neuf ans, avec des possibilités de résiliation tous les trois ans (dans certaines limites) et des conditions de renouvellement particulières. Voici quelques conseils pour négocier ce bail dans le cadre d’une cession, éviter les écueils et garantir la continuité de l’activité pour l’acquéreur.

1. Comprendre le cadre légal du bail commercial en France
Le principe du bail 3-6-9

Le bail commercial français a, en principe, une durée de neuf ans. Le locataire peut donner congé à l’expiration de chaque période triennale (3 ans, 6 ans, 9 ans), sous réserve de respecter un préavis de six mois. Le bailleur, quant à lui, ne peut rompre le contrat de manière anticipée que dans des cas précis (ex. : résiliation pour motif légitime et sérieux, travaux de reconstruction, etc.).

Le droit au renouvellement

À la fin des neuf années, le locataire bénéficie du droit au renouvellement de son bail, sauf exceptions (faute grave, modification substantielle de l’activité, etc.). Ce droit fait partie intégrante de la valeur du fonds de commerce. Lors d’une cession, le maintien de ce droit rassure l’acquéreur quant à la pérennité de son exploitation.

La cession et la sous-location

Le bail commercial peut, en principe, être cédé en même temps que le fonds de commerce, sauf clause contraire. Si une clause interdisant ou encadrant la cession existe, il convient de solliciter l’accord écrit du bailleur ou de négocier une levée de cette restriction. Quant à la sous-location, elle est également soumise à autorisation préalable, de même que certaines formes de changement d’enseigne ou de destination des lieux.

2. Identifier les obligations du locataire avant la cession
Régularité des paiements

Avant de céder votre commerce, vérifiez que vous êtes à jour de vos loyers et charges. En cas d’impayés, le bailleur pourrait s’opposer à la cession ou exiger un règlement intégral avant de donner son accord. L’acquéreur, de son côté, voudra la garantie qu’aucune dette ne pèse sur le fonds qu’il souhaite reprendre.

Entretien et réparations

Le locataire sortant doit restituer les lieux tels que le prévoit le bail (avec prise en charge des éventuelles réparations locatives). En pratique, un état des lieux de sortie est recommandé pour éviter les litiges avec le bailleur. Si des travaux restent à la charge du locataire, ils peuvent être négociés lors de la cession afin que l’acheteur sache exactement dans quel état il reprend les locaux.

Assurance et cession

Dans la plupart des baux commerciaux, le locataire est tenu de souscrire une assurance pour couvrir les risques (incendie, dégâts des eaux, responsabilité civile). Lors de la cession, il convient d’informer l’acquéreur des polices en cours et de signaler à l’assureur le changement de titulaire du fonds, si nécessaire.

3. Les clauses à renégocier pour sécuriser la reprise
Loyer et indexation

Les loyers sont généralement révisés selon l’indice des loyers commerciaux (ILC) ou l’indice des loyers des activités tertiaires (ILAT). Toutefois, en cas de renouvellement ou d’avenant, il est possible de négocier un loyer différent, dans certaines limites légales. Un loyer trop élevé peut dissuader un acquéreur potentiel ou déprécier la valeur du fonds de commerce.

Dépôt de garantie

Le bailleur peut exiger un dépôt de garantie au moment de la conclusion ou du renouvellement du bail. S’il y en a déjà un, clarifiez, dans l’acte de cession, si ce dépôt est restitué au cédant ou s’il est directement transféré au repreneur (avec éventuellement un ajustement financier).

Clause de destination et d’activité

Certaines clauses de bail précisent la nature de l’activité exercée (ex. : “restauration traditionnelle”, “commerce de détail de vêtements”, etc.). Lors de la cession, si l’acquéreur souhaite diversifier ou modifier l’activité, il faudra obtenir l’accord du bailleur, sans quoi la clause pourrait être rompue. Un avenant explicitant la nouvelle destination peut être nécessaire.

Durée résiduelle et renouvellement anticipé

Si le bail approche de sa neuvième année (ou d’une période triennale), l’acquéreur voudra s’assurer qu’il pourra continuer son activité sans incertitude. Dans certains cas, il est donc possible de négocier un renouvellement anticipé du bail pour rassurer le repreneur (et souvent justifier un prix de cession plus élevé).

4. Garantir la pérennité de l’activité après la cession
Obtenir l’accord ou l’aval du bailleur

Même si une clause du bail autorise la cession, une démarche proactive auprès du bailleur est généralement conseillée. L’informer dès que possible permet d’échanger sur les questions de loyer, de garanties, voire d’avenants. Une relation de confiance peut fluidifier la transition.

Accompagner le repreneur lors de la transition

Pour rassurer l’acheteur et préserver la valeur du fonds, le cédant peut prévoir une période d’accompagnement (formation, présentation aux fournisseurs et aux clients, etc.). Cela contribue à maintenir la qualité du service et l’image de marque, d’autant plus si le commerce dispose d’une forte notoriété locale.

Valoriser le bail au moment de la vente

Un bail sécurisé, avec un loyer cohérent et plusieurs années restantes, est un atout important dans la valorisation du fonds de commerce. Les clauses protectrices (non-concurrence dans l’immeuble, destination large, etc.) peuvent jouer en faveur du vendeur, en augmentant l’attrait pour l’acquéreur et, potentiellement, le prix de vente.

5. En résumé

Dans le cadre d’une cession d’entreprise ou d’un fonds de commerce en France, négocier le bail commercial et en comprendre tous les aspects (loyer, renouvellement, clauses spécifiques) est primordial. Une mauvaise gestion de ce point peut entraîner des conflits avec le bailleur, voire compromettre la continuité de l’activité.

  • VĂ©rifier vos obligations en tant que locataire sortant (loyer, entretien, rĂ©parations).
  • Identifier les clauses sensibles (restriction d’activitĂ©, dĂ©pĂ´t de garantie, loyer trop Ă©levĂ©) pour les renĂ©gocier si possible.
  • Communiquer en amont avec le bailleur afin de sĂ©curiser la transaction et rassurer l’acheteur.
  • Assurer une transition en douceur, qui prĂ©serve la rĂ©putation du commerce et consolide la confiance de toutes les parties.

En veillant à ces points, vous maximisez vos chances de conclure la cession sans heurts et vous offrez à l’acquéreur les meilleures conditions pour perpétuer l’activité et la développer sereinement.

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